PROJET CÔTE D'OPALE

Documents 16

Un exemple de réflexion ambitieuse en développement du territoire (2010) : la Côte d’Opale

Début 2010, alors que je dirige la CCI de Dunkerque — grâce à Thierry Malot, de 2006 à 2010 —, une élue de la Chambre, Eva Escandon, mène une opération de définition d’un programme ambitieux pour la Côte d’Opale. Pour construire ce projet elle s’appuie sur 3 séminaires, suivis par un débat, avec 200 entrepreneurs du territoire. 15 ans après, le projet conserve toute son actualité et sa pertinence.

Paraît en octobre 2010 le "Cahier des changements" titré "Opale — Côte d’Opale : notre nouveau territoire économique"

La plaquette est éditée à 1500 exemplaires, dans une mise en page de Marinecom (Luc Hennebert) ; illustration de couverture — géniale par sa vision inversée — : Jean Pattou ; organisation des débats : Laetitia Degrugillier ; sources et mise en forme : Caroline Rochette ; réalisation et communication : Olivier Thierry. Le texte complet et la plaquette (s’inscrire préalablement sur Dropbox) : https://www.dropbox.com/s/at0whhdl810ve9i/Cahier%20des%20changements.pdf?dl=0. Ce qui est sidérant, c’est que lorsqu’on laisse ainsi les gens s’exprimer librement, notre culture eurorégionale et notre néerlandicité profonde ressurgissent naturellement., comme le montrent les pistes proposées.

La fantastique couverture ("Vue du Nord"), signée Jean Pattou (1940-2023), peintre d'architecture. Tout est dit. Né dans le Nord de la France, Jean Pattou, diplômé architecte à Paris, s'installe à Lille comme architecte et urbaniste. Dès 1980 il peint et expose dans le monde ses peintures et dessins sur les villes.

Créer un territoire : l'"Opalosphère"

La 1re partie de la plaquette re-définit le territoire : "des 3 villes à la Côte d’Opale… de la Côte d’Opale à la Métropole des 2 mers…". Les 3 villes sont Boulogne, Calais, Dunkerque. Les 2 mers sont la Manche et la Mer du Nord. Sur un principe : travailler ensemble. Eva Escandon propose de reprendre la formule : "Seul(e)s nous sommes invisibles, ensemble nous sommes invincibles !". Ou comment créer l’"Opalosphère" ? 3 axes :

• instaurer le dialogue entre entreprises et institutionnels pour relier le “terrain” et les formes institutionnelles de représentation collective et publique,

• asseoir une convergence entre élus politiques et élus économiques,

• ouvrir l’esprit pour permettre de dépasser les comportements de clocher, la dilution, l’individualisme, les clivages.

Des projets concrets sont exprimés :

Des projets soft, pour renforcer la compétence territoriale

Car le développement du territoire implique l'exploitation de l’intelligence collective :

• une agence d’intelligence économique Côte d’Opale,

• un magazine mensuel Côte d’Opale.

"Changer d'Aire" : construire "B to B" (de Boulogne à Bruges), la "Métropole des 2 Mers"

Cette redéfinition du territoire est cadrée par la notion d’ouverture territoriale : pour "changer d’aire". Notamment par une intégration de l’aire métropolitaine Boulogne - Bruges (Brugge), appelée "B to B", ou "Métropole des 2 Mers". Pour travailler en lien avec Lille, Bruxelles/Anvers (Antwerpen) et les 4 méga-attracteurs proches :

• Londres,

• la Randstad Holland  : Amsterdam, Rotterdam, La Haye (Den Haag), Utrecht,

• la Ruhr,

• Paris.

Un plan 3 langues et des réseaux d'entrepreneurs

Des outils sont définis pour structurer ce nouveau territoire :

• Un plan 3 langues : anglais, néerlandais, français. Pour exploiter la réalité d’un environnement humain trilingue. En effet, à 200 km de distance, les langues parlées sont l’anglais (24 millions), le néerlandais (15 millions), le français (10 millions).

• Des réseaux d’entrepreneurs de Boulogne à Bruges (Brugge), en croisant ceux de la Côte d’Opale (MEDEF, CGPME, Clubs professionnels, Fédérations de commerçants, Clubs de zone d’activité, clubs de management), et ceux de la Flandre belge (VOKA, UNIZO, VVB, APZI). Objectif : proposer 100 services aux entreprises, actrices du développement.

La 2e partie de la plaquette décrit les services aux entreprises que ces réseaux doivent générer ensemble :

• Un club des grandes entreprises, les + de 1000, pour croiser les compétences industrielles.

• Un club ressources humaines des + de 100, pour attirer les compétences et les cadres.

• Un club industrie manufacturière, pour rapprocher entreprises, fournisseurs, partenaires.

• Regrouper les 10 opérateurs du micro-crédit et du crédit aux TPE.

• Constituer des annuaires internet d’entreprises, avec des clés d’entrée géographique, par secteur, par métier, par taille. Savoir faire ?… Faire savoir !

• Développer un centre de services de formation.

Des projets hard, d’équipement : un Tram Côte d'Opale

L'une des pistes pour l'aménagement et le développement d'un territoire : construire des outils de mobilité intra-urbaine et interurbaine. Un Tram Côte d’Opale permettrait d'allonger la ligne du tramway belge, qui va de Knokke à la frontière française… C'est déjà le plus long tramway du monde : 67 km, 70 arrêts, 12 millions de passagers par an.

Des projets hard, d’équipement : l'ABCDE ou "Opale Port", l'"Europort des 2 Mers"

S'intégrer dans une façade maritime "Manche Mer du Nord" :

• Lancer le concept de Port maritime Côte d’Opale, Opale Port, qui regroupe Boulogne, Calais, Dunkerque et… Eurotunnel. C’est l’ABCDE — Association Boulogne Calais Dunkerque Eurotunnel. Au minimum par l'échange d'informations croisées, sinon par des outils communs, par exemple la gestion des terrains pour le stockage ou l'accueil d'entreprises.

• Travailler de concert avec l’ensemble Anvers-Rotterdam. Sous le nom Europort des 2 Mers.

Une politique portuaire menée par l'intelligence synergique

J'ai préconisé la mise en place de la politique portuaire ci-dessus voici 15 ans. Pour préparer cette mise en place, j'ai fait modifier la loi-cadre portuaire de 2008 en ré-intégrant les CCI dans la structure des Ports Autonomes de l'État ; ainsi en est-il de la CCI Hauts-de-France dans le Port de Dunkerque. A contrario on a vu tel ou tel, y compris au meilleur niveau des CCI, recommander pendant des décennies de jouer Dunkerque contre la "concurrence" d'Anvers (Antwerpen)... Certes Dunkerque est passé en 15 ans de 200000 à 800000 conteneurs par an, mais Anvers (Antwerpen) atteint aujourd'hui les 14 millions de conteneurs ! De quelle "concurrence" parle-t-on ? Le petit esprit est toujours l'ennemi du développement territorial : ce dernier nécessite au contraire de l'intelligence synergique des organisations. D'ailleurs, entretemps Anvers (Antwerpen) et Bruges (Brugge) ont fusionné, eux, créant le PAM (Port of Antwerp Bruges). Et sont en lien organisé avec le port de Rotterdam. Ou comment le Nord de la France organise son sous-développement territorial....