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SPEELLIJST : CUBA, BRÉSIL, PORTUGAL, AFRIQUE

  • Dominique Neirynck
  • 23 déc. 2024
  • 8 min de lecture

Dernière mise à jour : 12 août

Vécu 9


Photo en-tête : le site internet de Fatoumata Diawara en juin 2025.


CUBA

Compay Segundo, Ry Cooder, Ibrahim Ferrer, Rubén González, Omara Portuondo, Eliades Ochoa, Orlando "Cachaito" López : la légende de la musique cubaine se lit le mieux à travers le film et l’album Buena Vista Social Club. Tout est remarquable. Tous sont excellents.

Ray Barretto

Les 3 meilleurs joueurs de congas au monde :

  • le Cubain Cándido Camero, mort à près de 100 ans en 2020, le fondateur et maître ;

  • puis 2 amis d’enfance : Ray Mantilla, New-Yorkais, né en 1934 et décédé en mars 2020 à New York ;

  • et Ray Barretto.

Ray Barretto est un enfant de Brooklyn, fils d’immigrés de Porto Rico. Il s’engage à 17 ans pour libérer l’Europe et découvre les musiciens de jazz noirs américains à Munich. Il n’oubliera jamais sa dette envers l’Europe et jouera régulièrement au New Morning à Paris, salle mythique de la scène jazz mondiale depuis que la (discrète) journaliste Eglal Farhi l’a créée en 1981 (elle nous quitte, centenaire, en 2019) ; sa fille Catherine (prof à sciences Po !) la dirige depuis 2010. C'est Ray Barretto qui donne ses lettres de noblesse aux congas : à la fois percussionniste — il assoira les congas dans les goûts musicaux modernes — et chef de formations, Ray Barretto, l’un des grands du latin jazz, est une bête de scène, comme le montre l'exemple ci-dessous.

  • Summertime-(guajira) (album Ray Barretto - My summertime). Ray Barretto chante ici (ce qui est rare… et dommage : sa voix est superbe), il explique ici (le morceau débute par une déclaration sur la proximité entre le blues et la guajira), il adapte ici (la musique est de… Georges Gerschwin), il est éclectique ici (le titre débute façon blues puis plonge soudain en guajira). On remarquera le pianiste, capable de soutenir le discours de Ray Barretto pendant les premières phrases musicales, à l’aide d’une suite harmonique intégrant avec prouesse un rythme, mais sous-tendu, subliminal (non cadencé physiquement) : Hector Martignon, New-Yorkais d’origine italienne né en Colombie en 1953, un maître du latin blues.

Ry Cooder (guitare), Rubén González (piano), Guajiro Mirabal (trompette)

  • Alto Songo : tiré de l’album Afro Cuban All Stars, avec Ry Cooder à la guitare et Rubén González au piano. Recette simple (donc titre passé inaperçu) mais aux résultats ici excellents : un son montuno (forme particulière du son cubain) dont la grille répétitive est, à la fois, appuyée sur 3 solistes hors du commun (le guitariste américain Ry Cooder, le pianiste cubain Rubén González, le trompettiste cubain Guajiro Mirabal) et une succession de 5 chanteurs pour les couplets (en même temps en concurrence et s’influençant les uns les autres). Tous manifestement très heureux d’être ensemble pour ce son. D’autant que les 3 solistes d’exception acceptent sans rechigner, pendant les couplets, de tenir le rôle, fondamental mais ingrat, de membre de la section d’accompagnement des chanteurs.

Gonzalo Rubalcaba (piano), Ignacio Berroa (batterie), Jeff Chambers (basse)

Le Cubain Gonzalo Rubalcaba est un pianiste de jazz. Il fait partie de ceux qui réussissent la fusion musicale entre l’afro-cubain et le jazz. Pour ce titre de latin jazz tiré de l’album Inner Voyage Gonzalo Rubalcaba, je le "classe" dans Cuba :

  • Caravan : titre de 11’. On appréciera le bassiste Jeff Chambers (probablement le meilleur de la scène de San Francisco) et le batteur Ignacio Berroa (ici beaucoup aux difficiles congas), né en 1953 à Cuba et vivant ensuite à New York, qui sera le batteur de Dizzy Gillespie de 1981 à la mort de ce dernier en 1993.

Compay Segundo

Album Compay Segundo - Duets :

  • Linda Graciela : ce duo concerne Basilio Repilado, l’un des 5 fils de Compay, ce qui explique la réussite fusionnelle du morceau.


BRÉSIL

Antônio Carlos Jobim invente la bossa nova (nouvelle vague) à Rio à la fin des années 1950. Comme par hasard quand le Brésil connaît en même temps la démocratie, le développement de l’économie, des arts, l’explosion du football. Tirés de l’album Les années Bossa Nova - Pure Brazil :

  • Stan Getz (saxo ténor), João Gilberto (chant, guitare), Astrud Gilberto (chant), Antônio Carlos Jobim (piano) : The girl from Ipanema (A garota de Ipanema). Astrud naît en 1940 et décède en 2023 ; elle sera 4 années durant la femme de João Gilberto, père de la bossa nova, mort en 2019. C’est la chanson la plus jouée au monde (musique de Antônio Carlos Jobim), par 300 interprètes (dont Richard Anthony, Sammy Davis Jr., Sacha Distel, Ella Fitzgerald, Erroll Garner, Bebel Gilberto, Diana Krall, Oscar Peterson, Frank Sinatra, Barbara Streisand, Sarah Vaughan, Amy Winehouse, Stevie Wonder), derrière Yesterday, des Beatles. Ici en 1964. https://www.youtube.com/watch?v=sVdaFQhS86E

  • Astrud Gilberto (chant), Antônio Carlos Jobim (piano) : Água de beber. Tom Jobim (Antônio Carlos Jobim) est né en 1927 à Rio de Janeiro et mort en 1994 à New York. L’un des créateurs de la bossa nova et immense compositeur de tant de grands titres de la musique sud-américaine. Ici en live en 1986 au Festival de Jazz de Montreal. https://www.youtube.com/watch?v=zkCkIGqGyAI

  • Stan Getz (saxo ténor), Charlie Byrd (guitare) : Samba de uma Nota Só. Stanley Gayetzsky, sous le nom de Stan Getz, est saxophoniste (1927-1991) C’est l’école du saxo doux, celle de Lester Young (l’autre lignée est celle de Coleman Hawkins : be-bop et virtuosité crue). https://www.youtube.com/watch?v=g__d60bBVZ4

  • Stan Getz (saxo ténor) : Insensatez

  • Stan Getz (saxo ténor), Charlie Byrd (guitare) : Desafinado

  • Stan Getz (saxo ténor), João Gilberto (chant, guitare), Antônio Carlos Jobim (piano) : Vivo Sonhando

Chico Buarque

  • Essa moça 'tá differente


PORTUGAL : FADO

  • Une très bonne 1re approche : le CD1 de l’album double Fado - Edição comemorativa Património da Humanidade : Vozes do Fado.


AFRIQUE

L'histoire culturelle africaine a été longtemps ignorée. L’explication réside dans le fait que la société africaine — il en est de même des sociétés arabes — n’a pas généré la Renaissance, véritable tour de force du génie de l'Europe. Et n'oublions pas que la Renaissance a été possible en Europe grâce à la transmission, par les Arabes, des chiffres indo-arabes. En 2019 le Collège de France (fondé au 16e siècle) crée une chaire consacrée à l’Afrique, sous la direction de François-Xavier Fauvelle. Le passé africain précolonial est souvent prestigieux, et cela s’exprime toujours dans le domaine musical aujourd’hui. L’Afrique est un lieu de production musicale d’un niveau de création exceptionnel, qualitativement et quantitativement.

Miriam Akeba

Miriam Akeba, de son vrai nom Zenzile Makeba Qgwashu Nguvama. Sud-Africaine (1932-2008), est Xhosa par son père et Swazi par sa mère : Zenzi  (diminutif d’Uzenzile), signifie “Tu ne dois t’en prendre qu’à toi-même”. Militante anti-apartheid, elle est contrainte à l’exil pendant 30 années, notamment aux Etats-Unis et à Bruxelles. C’est Nelson Mandela qui la convainc de revenir.

Manu Dibango

Manu Dibango, saxophoniste (1933-2020), Yabassi par son père, Douala par sa mère.

Papa Wemba

La scène africaine la plus incroyable de la 2e moitié du 20e siècle est à Kinshasa et au Congo. Dès les années 1930 s’impose la Rumba congolaise, issue de la musique cubaine. Se produiront plus de 20 artistes, en 80 années, tous plus créatifs les uns que les autres. Le dernier représentant est Jules Shungu Wembadio Pene Kikumba, dit Papa Wemba, qui naît au Congo-Zaïre en 1949 et meurt sur scène à Abidjan en 2016. Ses 3 principaux albums marquent la progression de Papa Wemba et de sa musique :

  • Album Papa Wemba : paru en 1989, l'album est encore marqué par les moyens locaux dont dispose le chanteur.

  • Album Papa Wemba le voyageur : réalisé en Europe, il bénéficie de moyens importants et la musique a mûri en s’ouvrant aux sonorités du monde.

  • Album Papa Wemba Emotion : le plus abouti, avec notamment le titre planétaire Fa Fa Fa Fa Fa (Sad song). Papa Wemba, légende de la musique Africaine, après une expression africaine, zaïroise, traditionnelle, intègre les sons du monde, jusqu’à ce succès planétaire. Ici avec la chanteuse londonienne Juliet Roberts. https://www.youtube.com/watch?v=dljr7hSYb2s. Yolele : voici un titre plus traditionnel, plus rumba congolaise, de Papa Wemba. https://www.youtube.com/watch?v=XxRPuK_kbOg

Staff Benda Bilili

Toujours à Kinshasa, le Staff, composé d’handicapés, illustre parfaitement l’Afrique des années 2000, ses difficultés et son énergie. Le documentaire Benda Bilili est un incontournable.

  • Album Staff Benda Bilili

Cheick-Tidiane Seck, Hank Jones

L’autre lieu musical majeur en Afrique est Bamako et l’ensemble du Mali. Comment un pays aussi pauvre peut-il produire autant d’artistes depuis 30 ans, dont beaucoup mènent une carrière internationale ? Ils sont des dizaines ! J’en cite 3. Tout d’abord Cheik-Tidiane Seck, né à Ségou en 1953, qui jouera avec Jimmy Cliff, Carlos Santana et tant d’autres. Dans l’album Sarala, classé habituellement dans le jazz, tout est remarquable. Le personnel en jeu est pléthorique et de grande qualité (comme avec Matthieu Chedid ci-dessous). Hank Jones au piano : le pianiste américain de jazz souhaite en 1993 croiser son talent avec un retour vers l’Afrique ; cet album marque à la fois un tournant et une apothéose dans sa carrière. Le Mali est pétri d’histoire millénaire, musicale et poétique, d’une richesse et d’une diversité uniques, depuis le souverain Soundjata Keïta, contemporain de Saint-Louis. Cheik-Tidiane Seck est le producteur, l’arrangeur et le principal chanteur de l’album. Sans oublier son clavier.

  • Album Sarala : Hank Jones meets Cheick-Tidiane Seck and the Mandinkas

Toumani Diabaté et Ali Farka Touré

Maître mondial de la kora, Toumani Diabaté, mort en 2024, produit des albums qui pour certains sont des merveilles. Particulièrement :

  • Album In the heart of the moon : Ali Farka Touré & Toumani Diabaté

2 Albums solo :

  • Album Toumani Diabaté - The Mandé variations

  • Album Ali Farka Touré - Savane

Johnny Clegg

  • Asimbonanga. Johnny Clegg, fils d’une mère juive et d’un père Anglais, passe sa jeunesse entre l’Angleterre et l’Afrique du Sud. Il refusera la religion Juive et, marqué par son beau-père Sud-Africain, poète, pauvre, amoureux de l’Afrique, il sera un pratiquant musical du mélange des races et un militant anti-apartheid. Sa carrière et sa reconnaissance seront mondiales. Il meurt en 2019, à 66 ans, d’un cancer du pancréas. Cette version date de 1999, avec, soudain, un certain… Nelson Mandela sur scène, à 81 ans ! Grand moment. https://www.youtube.com/watch?v=BGS7SpI7obY

M (Matthieu Chedid)

L’album Lamomali, réalisé par le groupe multiforme Lamomali, est un hommage magnifique de Matthieu Chedid envers l’Afrique, paru en 2017. Equipe impressionnante : on y retrouve, entre autres, M, Toumani Diabaté (né en 1965 à Bamako), Fatoumata Diawara (actrice de cinéma, chanteuse, autrice-compositrice-interprète), Sidiki Diabaté (le fils), Nekfeu, Youssou N’Dour, Louis Chedid, Amadou et Mariam, Oxmo Puccino (le rappeur Abdoulaye Diarra).

Master KG, Nomcebo Zikode

Kgaogelo Moagi, dit Master KG, a 24 ans en 2020 ; il est Lovedu (tribu bantoue). La chanteuse Nomcebo Zikode a alors 26 ans.

  • Jerusalema. Le tube zoulou de 2019, un chef d’œuvre, envahit la planète en 2020. Musique du DJ Master KG, paroles en zulu et interprétation de la chanteuse Nomcebo Zikode. Véritable gospel par son esprit de prière, l’ensemble est exceptionnel : vidéo (traitement de la caméra, des visages et situations, tenues vestimentaires), musique (à la fois simple et universelle), interprétation (remarquable et maîtrisée). A partir d’une chorégraphie créée par des artistes Angolais, le titre entraîne un déchainement mondial de flashmobs et de chorégraphies anonymes, plus réussis les uns que les autres, qui envahissent les réseaux sociaux, phénomène unique dans l’histoire de la musique et de la vidéo. https://www.youtube.com/watch?v=fCZVL_8D048

Blick Bassy

La nouvelle génération africaine. Blick Bassy, Bassa du Cameroun, né en 1974 à Yaoundé ; vit à Paris. Sélection :


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